Des chambres hyperbares de 4 millions $ restent vides dans un hôpital naval

Les chambres hyperbares, comme celles transportées à Portsmouth, ci-haut, aident à traiter plus d'une douzaine de conditions, incluant les blessures subies par les soldats au combat
MICHAEL KESTNER PHOTOS | THE VIRGINIAN-PILOT

Par KATE WILTROUT, The Virginian-Pilot
© 21 juin 2007

PORTSMOUTH

Il a fallu presque 4 millions $, une décennie de planification et une grue de 500 tonnes pour installer deux chambres hyperbares massives au Centre médical naval de Portsmouth en l'an 2000.

Sept ans plus tard, aucun patient n'y a encore été traité.

Conçues pour aider les gens souffrant de plus d'une douzaine de conditions - incluant le type de blessures subies par les soldats au combat - les chambres n'ont jamais été équipées de la tuyauterie et de l'instrumentation spécialisées pour les faire fonctionner. Le financement pour ce projet est mort au Congrès il y a six ans.

Dans une entrevue avec le Virginian-Pilot mercredi, le principal agent responsable de l'hôpital a dit qu'il n'était pas certain si ça valait les 9 millions $ pour terminer les chambres.
"Je pense qu'il y a des bienfaits médicaux dans la thérapie hyperbare pour des processus médicaux spécifiques", nous dit le contre-amiral Thomas Cullison. "Je ne suis pas certain qu'il y a pour 9 millions $ de retombées économiques à utiliser les chambres telles qu'elles sont fabriquées", dit-il.

Aujourd'hui, les chambres bleu ciel en acier restent dormantes au Charette Health Care Center, dans une aile spécialement conçue complétée en 1999. Cette situation frustre à la fois les politiciens qui ont soutenu le projet et les médecins de la marine retraités qui disent que la thérapie pourrait aider à accélérer la guérison de centaines de patients à tous les ans - incluant les membres actifs du service militaire blessés en Irak et Afghanistan.

"Hors de tout doute, aller aussi loin dans la construction d'un établissement très unique et ne pas la compléter est tout simplement insensé", selon l'ancien membre du Congrès Owen Pickett qui a aidé à assurer les fonds pour la construction des chambres.

Pickett, dont le district comprenait Virginia Beach et une partie de Norfolk, s'est retiré du Congrès en 2001. L'autre champion local du projet - le représentant Norm Sisisky - est décédé en service la même année.

En réponse aux demandes de la part du Virginian-
Pilot, le sénateur John Warner, représentant de Virginie, a demandé à la marine de réévaluer l'octroi d'une nouvelle cotisation pour le projet laissé en suspens.

"Nous leur demandons simplement de réexaminer ça, à la lumière de l'évolution du temps et afin de donner les meilleurs soins aux vétérans", nous dit cette semaine John Ullyot, porte-parole de Warner. "Nous sommes prêts à travailler avec eux, si c'est une de leurs priorités."


"Plutôt qu'avoir une solution tout ou rien chargée politiquement pour finir-ça ou ne-pas-finir-ça, j'aimerais regarder la situation d'un point de vue théorique", nous dit le contre-amiral Thomas Cullison, ci-haut.

En 2000, installer les chambres là où elles se trouvent a demandé de déplacer des lignes électriques et de placer les structures gigantesques - 92 000 et 77 000 livres, respectivement - sur une barge, de les faire flotter en aval de l'Elizabeth River et de les hisser jusqu'à leur emplacement en retirant des parties du toit.

À la différence des hôpitaux locaux, qui peuvent traiter une ou deux personnes à la fois, les installations de Portsmouth pourraient accueillir autant que 26 patients et seraient parmi les plus grandes au pays.

Elles pourraient traiter des patients en chaise roulante et sur des civières roulantes, et même permettre à des médecins d'y opérer des patients en phase critique dans la plus grande chambre, une sphère de 20 pieds.

La médecine hyperbare traite bien plus que le mal de décompression pour les plongeurs, aussi appelé la maladie des caissons. L'oxygène comprimé est utilisé régulièrement pour aider à guérir des plaies chroniques, des lésions par écrasement, des brûlures thermiques et des greffes de peau. Les os et les tissus endommagés par les radiations liées au traitement du cancer en tirent aussi des bienfaits, et le traitement aide les patients diabétiques qui ont des plaies des extrémités à éviter l'amputation.

Les chambres hyperbares sont parfois utilisées en dehors du contexte hospitalier pour d'autres conditions, comme la paralysie cérébrale et l'autisme, mais il existe une controverse au sujet de leur efficacité.

Le Dr Frederick Lassen, un capitaine de la marine retraité qui a été le directeur du service de chirurgie à l'établissement de Portsmouth, dit qu'il regrette que les chambres ne soient pas utilisées pour traiter les soldats blessés, dont les plaies selon lui bénéficieraient de la thérapie hyperbare.

Le Dr Lassen, qui est maintenant un médecin oto-rhino-laryngologiste pratiquant en cabinet privé, a écrit l'automne dernier aux politiciens à propos des chambres non complétées.

Le contre-amiral à la retraite William McDaniel était le directeur de l'hôpital lorsque des plans ont été réalisés pour les chambres.

"Je ne peux pas vous donner un iota d'explication à savoir pourquoi elles ne sont pas utilisées", nous dit McDaniel lors d'une entrevue téléphonique depuis Oak Harbor, Washington. "Il a été démontré que pour beaucoup de gens atteints d'infections chroniques, la thérapie hyperbare fait vraiment beaucoup de bien."

McDaniel nous a dit que des représentants officiels de l'hôpital local étaient à l'époque excités à la perspective d'envoyer des patients civils au Centre médical naval de Portsmouth pour de la thérapie hyperbare.

Pourtant, les médecins militaires de Portsmouth doivent encore référer des patients qui ont besoin de traitements hyperbares aux hôpitaux locaux - et ramassent la facture. Cullison nous dit que la marine a payé 56 000 $ pour ces traitements hors site en 2006 et 48 549 $ supplémentaires cette année.

Le budget du centre, cette année, est de 386 millions $.

Des rapports internes de la marine obtenus par The Pilot ont dévoilé des coûts beaucoup plus élevés pour des traitements à l'extérieur en 2000, l'année où les chambres ont été mises en place. D'après cette analyse, l'hôpital a dépensé 1,4 million $ pour plus de 1 000 traitements dans les hôpitaux locaux. Considérant ce chiffre, le rapport estimait que l'hôpital pourrait compenser le coût pour compléter la chambre en l'espace de 1,1 à 7,3 ans.

Cullison dit qu'il n'a pas confiance en ces chiffres et a cité une analyse différente de la décision de la marine, l'an dernier, de ne pas demander au Congrès le financement pour terminer le projet. Il a questionné des études antérieures qui concluaient que les chambres de la marine seraient utilisées pour fournir plus de 4 000 traitements par année aux membres actifs du service, à leurs personnes à charge et aux militaires retraités.

"Bien qu'une évaluation extrêmement optimiste parvienne à couvrir le coût du raccordement (des chambres), la plupart des évaluations n'y arrivent pas", dit Cullison.
Au lieu d'arracher les chambres et de convertir plus de 6 000 pieds carrés d'espace inutilisé en autre chose - ou de dépenser des millions pour terminer le projet - Cullison préconise de poursuivre l'analyse.

"Plutôt qu'avoir une solution tout ou rien chargée politiquement pour finir-ça ou ne-pas-finir-ça, j'aimerais regarder la situation d'un point de vue théorique", nous dit-il.
Cullison, qui dirige l'hôpital depuis la fin de 2005, dit qu'il est en faveur d'introduire un agent contractuel pour fournir des traitements hyperbares avec une ou deux chambres portatives sur les terrains de l'hôpital.

Les médecins pourraient mesurer ces résultats pour évaluer s'il serait utile de compléter les chambres existantes.

"Elles se trouvent là depuis déjà sept ans", nous dit Cullison. "Deux ou trois ans encore pour essayer de trouver une solution à ça d'une manière plus rationnelle va nous coûter moins cher que les enlever, puis de nous rendre compte que c'était une mauvaise décision et d'essayer de les ramener.

"Il serait plus sensé selon moi plutôt de les laisser là pour le moment et de travailler autour des chambres."

Traduit de:
$4 million hyperbaric chambers remain empty at naval hospital

Suite de l'histoire le 23 Juin 2007:
Drake demands answers on unused hyperbaric chambers

 

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